Depuis l’enfance, Sarah Ouazzani est en contact avec les esprits de la nature. Depuis les premières parties de cache-cache où elle s’est retrouvée adossée contre un arbre à compter, la tête dans les mains et les mains contre le tronc, elle sait que le monde végétal, tout autant qu’animal, vibre de vie et a bien des histoires à conter.
Depuis l’enfance, Sarah Ouazzani rêve. De grands rêves peuplés d’animaux d’ici ou d’ailleurs. Pour sa résidence à Lizières, l’artiste a souhaité leur donner vie par la création de paysages sonores, inspirés de son monde onirique tout autant que de la nature alentour – créant ainsi un pont immersif entre “Poésie de la nature” et “Nature de la poésie”.
Dimanche 22 mai 2022 à Lizières, Sarah Ouazzani vous convie à son Dimanche Idéal. Vous serez invités à découvrir son travail, à goûter aux saveurs colorées du pique-nique qu’elle a imaginé pour vous et à partager peut-être, à votre tour, vos rêves en musique…
ENTRETIEN AVEC SARAH OUAZZANI
“Des présences en nous, avec nous”
— Je rêve beaucoup d’animaux. Vivant à Marseille, j’avais envie de voir comment ces rêves pourraient se nourrir d’une proximité plus forte, plus quotidienne, avec la nature. Ma résidence à Lizières m’en a offert la possibilité. En ville, quand ce type de rêve m’arrive, je le ressens comme un appel à me relier davantage aux éléments, à la forêt. En filigrane, ce qui m’intéresse, c’est d’interroger notre animalité. Qui que l’on soit, d’où que l’on vienne, certains esprits animaux s’invitent parfois dans notre vie, comme des présences qui sont avec nous, en nous. Ce que je cherche, au fond, c’est à explorer comment nous, humains, vivons notre rapport à l’animal. Et comment à travers le rêve, c’est notre propre part animale qui s’éveille, qu’on incorpore et qu’on exprime.
“Une musique qui s’approche de l’émotion”
— Dans mon travail, je ne cherche pas à illustrer par le son les animaux qui apparaissent dans mes nuits, mais plutôt à traduire par le son les sensations induites par l’émotion que j’ai ressentie au moment du rêve, son atmosphère. Une de mes pièces sonores s’inspire par exemple d’un rêve au cours duquel, après une marche un peu angoissante où j’apercevais des loups derrière les arbres, j’arrivais à une maison cousue de fil d’or, où une sensation de bien-être m’envahissait. C’est ce cheminement intérieur et vivant de l’inquiétude à la paix que transmet ma pièce sonore.
“Ecouter la musique naturelle du lieu”
— Pour créer ces œuvres, je passe beaucoup de temps à écouter la musique naturelle du lieu. Ici, il y a les chants des oiseaux, très riches ; un coq, souvent ; un âne, parfois… Et des tas de sons que je ne parviens pas à définir. Parfois, je ne sais pas si j’ai à faire à un arbre qui grince ou un oiseau qui chante ! Les animaux et les végétaux se répondent parfois de manière aussi incongrue que magnifique – les oies d’un côté, un vieil arbre de l’autre… Il peut aussi m’arriver de me rapprocher du sol, pour essayer de capter la musique des insectes.
“Ça m’intrigue de savoir comment rêvent les gens”
— Le 22 mai, à l’occasion de mon Dimanche Idéal à Lizières, j’aimerais non seulement que les gens s’immergent dans mes paysages sonores, que ces derniers leur procurent des sensations, du lâcher-prise,, mais aussi que ça leur donne envie de partager leurs rêves avec moi. Nous avons tous une vie intérieure très riche, parfois très différente d’une personne à l’autre. A quelle part de nous-mêmes avons-nous accès ? Sous quelle forme ? Tout le monde rêvent-ils d’animaux ? Ce serait vraiment chouette de pouvoir échanger sur ces parts de nos vies – et peut-être les habiller d’une improvisation musicale.
Propos recueillis par Réjane Ereau