En restitution de sa résidence “Poésie de la nature, Nature de la poésie”
Parcours scénique guidé, installation, diaporama, pique-nique, échanges avec l’artiste
“L’esprit est un élément mystérieux. Insaisissable et invisible comme l’air, il semble s’adapter docilement à toutes les formes et à toutes les formules. Et cela pousse sans cesse les natures despotiques à croire qu’on peut le comprimer, l’enfermer, le mettre en flacon. Pourtant toute pression provoque une contre pression, et c’est précisément quand l’esprit est comprimé qu’il devient explosif : toute oppression mène tôt ou tard à la révolte.”
Cette citation de l’écrivain Stephan Zweig1 résonne étrangement avec le travail mené en résidence à Lizières par l’artiste Sophie Goullieux.
Au départ, est l’intérêt de la plasticienne pour le flacon de parfum, cet objet “de consommation et de luxe” symbole de la manière dont l’homme tâche de capturer l’essence des plantes à son profit, à la fois “personnel” (par la fragrance dont on choisit d’habiller sa peau et son identité) et “collectif” (par le partage sensoriel qu’engendre son usage).
Sophie Goullieux aime ce qui contient, encapsule. Le flacon est son fil rouge, mais au fil de ses explorations, elle finit par s’en émanciper. Comme si le monde de la nature, après tant d’années de soumission, de compression, de concentration, hurlait son besoin d’explosion, de rébellion, de retour à son âme sauvage, immaîtrisable, indomptable, insaisissable, inaliénable.
Et c’est cette âme que les œuvres de Sophie Goullieux révèlent et donnent à voir. Cette énergie qui transparaît dans le jaillissement d’encre qui habille ses photographies. Un arbre. Un champignon. Une mare. Une mûre. Une glycine. Une liane. Une fougère. Derrière l’apparence, la fougue de l’aura, la liberté expressive de la personnalité de chaque être végétal.
“J’ai aussi exploré le thème de la transmission”, explique l’artiste. Par l’atelier qu’elle a mené avec les enfants du village d’Epaux-Bézu, et les livres “introuvables ou oubliés” qu’elle est allée dénicher au fin fond des bibliothèques. Des livres sur “la nature, les plantes et la poésie”, signés Lucrèce ou autre, qui incarnent pour elle “une forme de nostalgie” face la fragilité du patrimoine qui nous a été confié, mais aussi la preuve que “d’autres, avant nous, ont regardé la nature et en ont tiré des enseignements.” Comme une connexion, d’hommes à plantes, à travers les âges…
C’est à ce voyage, en sentirs et en images, que vous invite Sophie Goullieux.
Réservations : www.helloasso.com/associations/les-amis-de-lizieres/evenements/sillage
1- “Conscience contre violence”, Stephan Zweig, éd. Livre de Poche